DÉLIRIUM TRÈS MINCE

- Par Thomas Nemeth -
Chapitre 2
Sport en ville

« Qu'est-ce qu'elles foutent là ces tentes ? que je lui demande, à Peter.
- C'est le quartier des prostituées : elles travaillent sous des tentes à Sion. »

Nous entrons dans la ville et personne ne semble étonné de nous voir flotter comme ça, à plusieurs dizaines de centimètres du sol.

« Il faut aller voir un conseiller du président au palais royal.
- Vous avez un président dans un palais Royal ?
- Ouais : on voulait le mettre au Dubliners, mais il n'aime pas la Guinness et c'est pas pratique pour dormir. »

Un président qui n'aime pas la Guinness, ça n'augure rien de bon !

« De toutes façons, il est tellement con qu'on peut rien en faire, poursuit-il. Va faire un tour dans la ville : il faut que je passe d'abord voir un contact pour du matos tombé d'un camion qui pourrait nous être utile plus tard. On se retrouve chez Tonton.
- Qui c'est encore çui-là ?
- C'est un bar : il te suffit de demander où c'est et on te l'indiquera. Tout le monde sait où c'est.
- Ok, à tout'. »

Il part de son côté et moi du mien. Il n'y a pas trop de monde sur le boulevard et j'avance en regardant les échoppes. Un barbier... M'en fout : j'me rase pas. Sorcelleries en tout genres : bah, encore un truc pour les pigeons. Fabriquant de vaisseaux spatiaux : j'ai pas les sous.

Mais devant ce dernier magasin, il y a une jolie fille : je m'arrête un peu trop longtemps et elle s'approche.

« Vous voulez acheter un vaisseau ? Nous en avons plusieurs en stock : un rapier (le plus rapide de la galaxie hormis le falcon), des hornets, quelques X-Wings et une dizaine de starfighters.
- Non merci, j'étais juste en train d'admirer. Par contre... Ça vous dirait d'aller prendre un verre en face ?
- Pourquoi pas : je vais faire ma pause. »

Nous nous installons à une table à l'ombre : la lune tape fort à 13h du matin. Il est encore tôt, je ne prends qu'un radeau. Elle, elle prend un gin-kas. C'est alors que je remarque sa tenue : une grande robe blanche qui lui arrive aux chevilles, toute pleine de dentelles partout, un collier de perles et des rubans dans les cheveux. Des godasses en plastique transparent.

Elle me fait un clin d'oeil, et je lui prends la main. Nous nous rapprochons et nous nous embrassons lorsqu'un type avec un nez long comme mon avant-bras nous prend en photo.

« Il fait chier ce Pinocchio ! fait-elle. Depuis qu'il est à la rue parce que Gepetto s'est dégotté une greluche, il est devenu paparazzi.
- Quelle déchéance.
- M'en parle pas : quand il était plus jeune il se servait de son nez pour soulever les jupes des filles et mater ce qu'elles portaient dessous.
- Le petit vicieux ! Comment faisaient-elles pour éviter ça ?
- C'est simple ! Il suffit de lui balancer un coup de pied dans les couilles et son nez retombe.
- Et si on se mettait à l'écart ?
- Très bonne idée, viens, mon appart est pas loin. »

Elle me prend par le bras et me m'attire contre elle pour m'aider à marcher à ses côtés, mais finalement elle me traine comme un balon. Nous arrivons à son appart et c'est un superbe duplex avec grande véranda...

« Je vais prendre une douche, lui dis-je, je suis couvert de poudre de fée.
- D'accord, je te montre où c'est. »

Elle m'amène à la douche. Je retire mon pyjama et me douche pour m'enlever toute cette poudre. En sortant de la douche je met mon pyjama dans un coin, mais de la poudre tombe sur la brosse qui se met inévitablement à vouloir se ranger au plafond. Tant pis pour elle.

Je sors de la salle de bain en entre dans la chambre : je marche ! Miracle. La belle est déjà au pieu, sous les couettes et je me dépêche de l'y rejoindre. Nous commençons les caresses et les câlins...

...

Une fois fini (c'est toujours trop court) nous nous rhabillons. J'enfile en vitesse mon pyjama : c'est l'heure de rejoindre Peter. La fille s'habille avec sa jolie robe et ses pompes.

« On pue pas des pieds dans ces chaussures en plastique ?
- Non : ce sont des escarpins en verres. Par contre, qu'est-ce que ça fait mal aux pieds ! Tu as quelque chose de prévu maintenant ?
- Oui : il faut que j'aille rejoindre un pote chez Tonton.
- Tonton ? Là où on sert le pastis au mètre ? Cool ! Je t'y emmène. »

Nous sortons par derrière.

« Prenons ma citrouille : ça fera de la place dans la rue pour les autres. Je suis garée en double-file.
- Ok. »

Nous partons et elle dépasse allègrement la vitesse limite autorisée.

« Où t'as eu ton permis au fait ?
- Permis ? Cékoidonssa ?
- Rien, laisse tomber... Elle monte à combien ta citrouille ?
- Boah... Elle peut faire dans les 900 coudées à l'heure avec de l'avoine de bonne qualité. »

Et de fait, nous sommes en quelques minutes chez Tonton. Du pastis au mètre ! J'imagine dans quel état je vais retrouver Peter. Un vert jaune, qui boit des verres de jaune... Ça peut pas faire un bon mélange.

On entre dans la taverne, c'est enfumé. Le voilà accoudé au comptoir. Un centurion, un décurion et quelques légionnaires sont attablés de l'autre côté et regardent bêtement un match de foot à la télé.

Peter me remarque et m'interpelle.

« Viens donc boire un verre pour la route !
- Non, je ne peux pas prendre un verre.
- Ah... Un bol de jaune alors ? En plus on a des croissants pour aller avec.
- Bin en fait il me faut pas d'alcool.
- 'Tain t'es lourd toi. »

Je le prends par la taille et l'emmène dehors, au frais pour le faire déssoûler. Il vomit dans les canivaux et Pinocchio nous prend à nouveau en photo. La gonzesse m'aide en le tenant de l'autre côté. Nous remontons en citrouille et elle nous ramène chez elle : on va y passer la nuit.

Elle et moi passons une nuit de folie alors que Peter pionce grave dans la baignoire. Au petit matin nous devons partir pour faire la queue dans les bureaux de l'Administration.

Pour pouvoir obtenir une fée, il faut remplir le formulaire bleu, se munir des papiers nécessaires, puis aller au bureau 24 du troisème étage. Là on nous fournit si tout va bien le formulaire 42bis qu'il faut remplir en trois exemplaires. Il faut en donner un au bureau du juge et un à la secrétaire du préposé aux Magasins des Objets Magiques Ensorcelés Symbiotiques. Le dernier est à donner à l'accueil pour avoir le droit de sortir.

Quand tout est fait, nous allons acheter la fée au marché. Elle nous est fournie avec une cage en verre. Ça fait lanterne pour le même prix. Tout le monde fait ses emplettes et la fille revient avec un superbe poisson.

C'est l'heure des adieux, je la remercie :

« Merci pour tout ! Heu... Au fait, quel est ton nom ? Moi c'est Thomas.
- Je suis Cendrillon.
- Je suis heureux de t'avoir rencontrée, Cendrillon. »

À ce moment un gaillard de taille plus que respectable, baraqué comme pas deux, sort d'on ne sais où et se dirige à grands bruits vers nous.

« Ciel ! Mon fiancé ! Conan... Je peux tout t'expliquer ! fait Cendrillon.
- PAS LA PEINE ! J'ai vu les photos de Pinocchio... Je vais vous buter tous autant que vous êtes !
- Grouillons-nous, fis-je, tous dans la citrouille ! »

Et hop nous voici repartis avec Conan qui nous course comme un malade. En vitesse nous rejoignons la bordure de la forêt. Cendrillon arrête sa citrouille et nous fait descendre et nous donne le poisson qu'elle a acheté sur le marché.

« Ne vous inquiétez pas : je vais tout arranger avec lui. Filez !
- Comme tu veux... Salut Cendrillon, à la prochaine, et encore merci pour le poisson. »

Nous nous dépêchons de déguerpir mais Conan arrive à toute allure. Nous sommes assez loin quand Cendrillon l'arrête, mais il a tout de même la force de nous balancer son épée dans la gueule. Enfin... C'est surtout moi qui me la reçoit sur la tête, juste à l'endroit de la bosse que je m'étais faite dans la cabane en forêt. J'ai un de ces mal au crâne !

Je ramasse son épée : elle est très lourde. Tellement lourde que je dois la traîner, sa lame labourant le sol sur son passage. Au bout de quelques mètres je m'arrête. Après avoir posé l'épée par terre, je prends la cage de la fée et j'attrape la fée à pleine main. Puis, avec soin, je tamponne légèrement la fée sur toute la longueur de la lame de l'épée. Celle-ci se soulève de quelques centimètres du sol, mais pas plus : visiblement elle était beaucoup trop lourde pour que la poudre la fasse se soulever entièrement. Ni vu ni connu, je remets la fée dans sa cage et je m'attache l'épée dans le dos.

« Nous sommes du mauvais côté de la forêt, dit Peter. Il faut traverser en biais et rejoindre la route principale vers Micelle. »


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Fiche mise à jour le lundi 12 novembre 2001.
Thomas Nemeth
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